Dernière mise à jour le 6 octobre 2022
Conférence #NiceFictions20
de Denis Taillandier
“Entre réel et virtuel : Adapter et s’adapter (à) la catastrophe dans la science-fiction japonaise” Dans un archipel régulièrement ballotté par les éléments (séismes, typhons, tsunamis, etc.), la science-fiction japonaise s’est depuis longtemps emparée de l’imaginaire de la catastrophe, qu’elle soit d’origine naturelle (tensai), humaine (jinsai), ou souvent un mélange des deux. Si le monstre Godzilla (1954) en est probablement le symbole le plus emblématique, le motif de la destruction du Japon (et par extension du monde), mais aussi de l’adaptation humaine à la catastrophe, a donné lieu à de multiples déclinaisons qui dialoguent entre elles sur plus d’un demi-siècle. L’un des premiers textes de la SF moderne japonaise, La Quatrième Période interglacière (Dai-yon kanpyōki, 1959) d’Abe Kōbō, évoque déjà la submersion du Japon prévue par un superordinateur, bien avant la parution de La Submersion du Japon (Nihon chinbotsu, 1973) par Komatsu Sakyō – qui s’était déjà intéressé à l’anéantissement de l’humanité avec Le Jour de la résurrection (Fukkatsu no hi, 1964) ou à l’adaptation de l’humain à de nouvelles conditions de vie dans Les Apaches japonais (Nihon apacchi-zoku, 1964). Tsutsui Yasutaka répond la même année au roman de Komatsu avec la nouvelle Le Monde sombre, sauf le Japon (Nihon igai zenbu chinbotsu, 1973). Vingt ans plus tard, en pleine mouvance cyberpunk, Masaki Gorō envisage la destruction du Japon non plus en termes géologiques mais informatiques dans son roman Venus City (Vīnasu Shiti, 1992). Au XXIe siècle, c’est Ueda Sayuri qui s’inspire d’Abe et de Komatsu pour composer sa série d’écofiction Les Chroniques de l’océan (Karyū no miya, 2010 & Shinku no hibun, 2013).