Quand elle était enfant, le père de Laurence Suhner, qui écumait le monde, lui rapportait des cadeaux bizarres : caïman empaillé, peau de boa constrictor, mocassins amérindiens, bijoux en turquoise, rose des sables ou têtes réduites, de quoi épater largement ses petits camarades. Il lui fallait donc ensuite imaginer des histoires, toutes plus fantastiques les unes que les autres, pour en expliquer l’origine, pas toujours très orthodoxe. Pris au jeu, son père l’a vite rejointe, inventant des scénarios appropriés à ces trouvailles, qu’elle illustrait en bande dessinée, sa première passion (sa mère était dessinatrice), après ses fastidieuses journées d’école.
Ces fictions foisonnaient de péripéties extraordinaires où des savants géniaux, mais toujours fous, faisaient des découvertes majeures ou organisaient des expéditions aux confins du monde connu. Des aventures style Tintin, mais en plus rocambolesque. Il faut dire que, jusqu’à ses cinq ans, Laurence habitait Bruxelles, le temple de la BD.
Si ces voyages et récits ont sans doute motivé son intérêt précoce pour l’archéologie et l’anthropologie, c’est toutefois un peu plus tard, en lisant Les aventures de Bob Morane, puis en découvrant La Plaie, un space opera magistral de Nathalie Henneberg, qu’elle a réalisé qu’il s’agissait déjà de science-fiction. Elle a donc décidé que sa voie était toute tracée : en écrire un jour à son tour.
Elle s’est alors mise à dévorer tous les classiques anglo-saxons du genre, dont beaucoup peuplaient déjà la bibliothèque paternelle : Asimov, Clarke, Simak, Vance, Anderson, Dick, Priest, Silverberg, Hamilton, Bradbury…
Pour en revenir au présent, ou au futur proche, après la parution d’Origines, le dernier tome de sa trilogie QuanTika (éditions l’Atalante) – qui raconte la découverte d’une exoplanète, et d’une ancienne civilisation stellaire ayant jadis visité notre Galaxie – gageons que son prochain roman traitera également de ces sujets qui lui tiennent à cœur, à savoir le rapport de l’humain face à la science et les mythes cosmogoniques. En clair, parler de l’Univers qui nous entoure et de ses multiples représentations.
Bref, elle se fera un plaisir de vous parler de Gemma, planète extrasolaire glacée orbitant autour de son étoile double AltaMira, des mystères de la physique quantique et des nombreux personnages qui peuplent l’univers de QuanTika.